Au cours des dernières années, le portage salarial est devenu une solution intéressante pour les travailleurs indépendants et les entreprises souhaitant collaborer sur des projets ponctuels. Cette forme d’emploi, qui permet de combiner les avantages du salariat et de l’indépendance, est encadrée par une législation spécifique. Dans cet article, nous vous proposons d’analyser en détail cette législation, ses évolutions récentes et les principales obligations qu’elle implique pour les parties prenantes.
Qu’est-ce que le portage salarial ?
Le portage salarial est un dispositif qui permet à une personne (le «porté») d’exercer son activité professionnelle sous la forme d’une prestation de services, tout en bénéficiant du statut de salarié. Pour ce faire, elle fait appel aux services d’une société de portage (le «porteur»), qui prend en charge la gestion administrative et sociale de son activité.
Cette relation triangulaire entre le porté, le porteur et l’entreprise cliente est encadrée par un contrat de travail conclu entre le porté et le porteur, ainsi que par un contrat de prestation conclu entre le porteur et l’entreprise cliente.
L’évolution du cadre juridique du portage salarial en France
Bien que le portage salarial existe en France depuis les années 1980, il a fallu attendre 2008 pour que cette forme d’emploi soit véritablement prise en compte par la législation. Depuis lors, le cadre juridique du portage salarial a connu plusieurs évolutions importantes :
- La loi de modernisation du marché du travail de 2008 : cette loi a permis de reconnaître officiellement le portage salarial et d’en définir les grands principes. Elle a notamment instauré un droit à la formation professionnelle pour les portés et une garantie de leur rémunération.
- L’accord national interprofessionnel (ANI) de 2010 : cet accord a précisé les modalités d’exercice du portage salarial, en définissant notamment les conditions d’éligibilité des portés et des entreprises clientes, ainsi que les obligations respectives des parties prenantes.
- La loi relative au dialogue social et à l’emploi (dite « loi Rebsamen ») de 2015 : cette loi a apporté plusieurs modifications au cadre juridique du portage salarial, notamment en matière de représentation des portés et de prévention des risques professionnels.
- L’ordonnance n°2017-1387 du 22 septembre 2017 : cette ordonnance a réformé en profondeur la législation relative au portage salarial, en créant un nouveau chapitre spécifique dans le Code du travail. Elle a également renforcé certaines garanties pour les portés, comme la garantie financière des sociétés de portage et l’obligation pour celles-ci d’être affiliées à une organisation professionnelle représentative.
Les principales obligations juridiques en matière de portage salarial
La législation du portage salarial prévoit un certain nombre d’obligations pour les parties prenantes, notamment :
- Pour le porté : il doit être en mesure de justifier d’une expertise, d’un savoir-faire ou d’une qualification dans son domaine d’activité. Il doit également être âgé d’au moins 16 ans et disposer de la capacité juridique pour exercer son activité.
- Pour le porteur : il doit conclure un contrat de travail avec le porté, comportant notamment une clause de garantie de rémunération. Il doit également souscrire une garantie financière auprès d’un organisme agréé, afin de couvrir les sommes dues aux portés en cas de défaillance. Enfin, il doit être affilié à une organisation professionnelle représentative du secteur du portage salarial.
- Pour l’entreprise cliente : elle doit s’assurer que le recours au portage salarial est justifié par la nature des prestations demandées et qu’elle ne vise pas à contourner la législation sur le travail dissimulé. Elle doit également veiller à ce que le contrat de prestation conclu avec le porteur respecte les règles en vigueur en matière de durée du travail, de rémunération et de prévention des risques professionnels.
Le rôle des syndicats et des organisations professionnelles
Les syndicats et les organisations professionnelles jouent un rôle important dans le développement et l’encadrement du portage salarial. Ils ont notamment contribué à la signature de plusieurs accords collectifs, qui ont permis de préciser les conditions d’exercice de cette forme d’emploi et de renforcer les droits des portés.
En outre, certaines organisations professionnelles, comme le Syndicat des Professionnels du Portage Salarial (SPPS) ou la Fédération des Entreprises de Portage Salarial (FEPS), offrent à leurs adhérents un label de qualité, qui atteste du respect des règles légales et déontologiques en matière de portage salarial.
Quel avenir pour la législation du portage salarial ?
Le cadre juridique du portage salarial est en constante évolution, afin de s’adapter aux besoins des travailleurs indépendants et des entreprises clientes. Plusieurs pistes d’amélioration sont actuellement à l’étude, notamment en matière d’accès à la protection sociale pour les portés ou de simplification des démarches administratives pour les sociétés de portage.
Il est donc essentiel pour les acteurs concernés par le portage salarial de se tenir informés des évolutions législatives et réglementaires en la matière, afin de garantir une mise en œuvre conforme aux exigences du droit du travail.