Le portage salarial est une solution de plus en plus prisée par les travailleurs indépendants, les entreprises et les consultants. Il permet de conjuguer la liberté d’entreprendre avec la sécurité du statut de salarié. Mais quel est le cadre légal qui encadre cette pratique ? Cet article vous propose un tour d’horizon complet pour comprendre les enjeux juridiques du portage salarial et faire le point sur vos droits et obligations en tant que professionnel.
Qu’est-ce que le portage salarial ?
Le portage salarial est une forme d’emploi atypique qui permet à un travailleur indépendant ou à un consultant d’exercer son activité tout en bénéficiant du statut de salarié. Concrètement, il s’agit d’un contrat tripartite entre le professionnel, l’entreprise cliente et une société de portage. Cette dernière se charge de gérer les aspects administratifs, sociaux et fiscaux liés à l’activité du professionnel, moyennant une commission prélevée sur le chiffre d’affaires réalisé.
Pour être considéré comme légal, le portage doit respecter certaines conditions fixées par la loi. Le professionnel doit notamment être autonome dans l’exercice de son activité, avoir une rémunération supérieure au SMIC et bénéficier des mêmes droits que les autres salariés (protection sociale, congés payés, etc.).
Le cadre légal du portage salarial en France
Le portage salarial est reconnu par la législation française depuis 2008, avec la loi de modernisation du marché du travail. Depuis lors, plusieurs textes ont précisé et encadré cette pratique :
- Loi n° 2015-990 du 6 août 2015 : dite « loi Macron », elle définit le portage salarial comme un « ensemble de relations contractuelles organisées entre une entreprise de portage, une personne portée et des entreprises clientes ». Elle précise également les conditions d’exercice et les obligations des parties.
- Ordonnance n° 2015-380 du 2 avril 2015 : elle instaure le principe d’égalité de traitement entre le professionnel et les autres salariés, ainsi que le droit à la formation professionnelle.
- Décret n° 2017-774 du 3 mai 2017 : il fixe les modalités de calcul de la rémunération minimale du professionnel et encadre les commissions prélevées par la société de portage.
Ainsi, le cadre légal du portage salarial en France est aujourd’hui bien établi, même si certains points peuvent encore faire l’objet de discussions ou d’améliorations. Il convient donc pour les professionnels et les entreprises de se tenir informés des évolutions législatives pour exercer leur activité en toute légalité.
Les droits et obligations des parties
Le contrat de portage salarial implique des droits et obligations pour chacune des trois parties :
- Le professionnel : il doit exercer son activité de manière autonome et responsable, en respectant les règles déontologiques de sa profession. Il doit également s’assurer du respect des conditions d’exercice du portage salarial (rémunération minimale, égalité de traitement, etc.). Enfin, il doit contribuer au développement de son activité et rendre compte de son travail à la société de portage.
- L’entreprise cliente : elle doit respecter les obligations légales liées à l’accueil du professionnel dans ses locaux (hygiène, sécurité, etc.) et veiller à ce que les conditions d’exécution du contrat soient conformes aux dispositions légales en vigueur. Elle doit également régler la facturation émise par la société de portage dans les délais prévus.
- La société de portage : elle a pour rôle principal de gérer les aspects administratifs, sociaux et fiscaux liés à l’activité du professionnel. Elle doit notamment établir un contrat de travail avec le professionnel, lui verser une rémunération conforme aux dispositions légales et assurer l’ensemble des démarches nécessaires pour sa protection sociale. Elle doit également fournir au professionnel les moyens nécessaires pour exercer son activité (formation, accompagnement, etc.).
Les avantages et inconvénients du portage salarial
Le portage salarial présente plusieurs avantages pour le professionnel :
- Il permet de bénéficier d’un statut sécurisé, avec les mêmes droits que les autres salariés (protection sociale, retraite, etc.).
- Il offre une grande flexibilité dans l’organisation de son travail et la gestion de son activité.
- Il facilite l’accès à des missions variées, en France comme à l’international.
- Il permet de se consacrer pleinement à son métier, sans avoir à gérer les contraintes administratives et fiscales liées à l’exercice d’une activité indépendante.
Toutefois, le portage salarial présente aussi quelques inconvénients :
- La rémunération est généralement inférieure à celle d’un travailleur indépendant, en raison des commissions prélevées par la société de portage.
- L’autonomie du professionnel peut être limitée par les contraintes imposées par la société de portage ou l’entreprise cliente.
- Certaines professions ne sont pas éligibles au portage salarial, notamment celles qui nécessitent une inscription à un ordre professionnel (avocats, médecins, etc.).
Ainsi, le cadre légal du portage salarial permet aujourd’hui aux travailleurs indépendants et aux consultants de bénéficier d’un statut sécurisé et flexible. Toutefois, il convient de bien peser les avantages et inconvénients de cette solution avant de se lancer dans ce type d’activité.